Etrication inertielle
La vie ne peut se concevoir hors du mouvement.
Qu'on m'explique alors ce qui me pousse à cet immobilisme auquel je sacrifie trop de mon temps.
Parfois, il me semble lire dans ma tendance à la stagnation une réaction à la conscience devenue trop aiguë de ma finitude. Car il me faut désormais tenir compte de limites temporelles dans mes projets, et penser à l'après moi. Je ne sais plus vivre comme ces ados qui se croient immortels ou comme ces jeunes adultes qui ont tant d'années devant eux qu'évoquer le bout leur semble complètement hors de propos. Je n'ai pas réussi à me protéger par le déni non plus, comme bon nombre de ceux de ma génération. Pour tout dire, bien que je sois statistiquement à mi-parcours de vie, j'ai énormément-beaucoup trop de réflexions et de préoccupations de fin de vie.
Peut-être que cet immobilisme physique auquel je me laisse aller est-il perçu inconsciemment comme une dernière possibilité de ralentir le temps ?
- absurde et stupide ! l'action et le mouvement étirent !
Non, je crains fort me trouver malheureusement devant une triste réaction àquoibonniste à la prise de conscience envahissante de ma condition de mortelle...
et qu'au lieu de vivre à fond,
bêtise et immaturité suprêmes,
je me mort-fonds.