Liberté, liberté chérie

Ces vies soumises à horaires et emploi du temps me sont d’une écrasante violence. Quand elles s'accompagnent d'obligation de résultat, de carotte et de bâton, elles me deviennent simplement insupportables.

Je ne suis pas faite pour exécuter la volonté d'autrui dans des horaires et avec des méthodes qu'il m'impose afin d'acquérir du pouvoir de manger, de m'habiller et consommer du loisirs, et si je suis bien sage, bien disciplinée, que je montre une adhésion suffisamment forte aux valeurs qui induisent cette coercition rémunérée, me voir proposer la possibilité d'exercer à mon tour une pression sur autrui.

J'étouffe dans notre société compartimentée, hiérarchisée et bureaucratisée à l'extrême, où nul n'est censé ignorer une loi que même ses spécialistes ont du mal à maîtriser, où tous nos faits et actes sont réglementés, estimés, taxés, processisés, quand ils ne sont pas de surcroît soumis à validation sociale sur des critères aussi vagues et futiles que la norme de groupe, le politiquement correct ou la mode de pensée (je dis bien LA mode de pensée, évoquant cette mode intellectuelle que je ne sais trop qualifier autrement, qui impacte notre façon de réfléchir le monde en nous imposant des axes d'analyse indispensables, et nous en interdisant d'autres).

Je n'exprime mon potentiel et ma force de travail ne peut se déployer que lorsque je suis libérée de toute contrainte. A commencer par horaire.